Tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa (1)

« Travesuras de la nina mala » de Mario Vargas Llosa (paru en 2006)
« Tours et détours de la vilaine fille»
traduction de l'espagnol-(Pérou) par Albert Bensoussan

Choix au printemps 2010 de notre amie Isabel Disparue en fin Novembre 2010

par Christiane Vincent 20 Février 2011

Mario Vargas Llosa nait à Arequipa (Sud du Pérou) en 1936. Grand lecteur: Dumas, Jules Verne, Victor Hugo, il commence à écrire très tôt. « Depuis l'enfance, j'ai vécu en étant assailli par la tentation de convertir en fiction tout ce qui m'arrivait, à tel point que j'ai parfois l'impression que tout ce que je fais ou que l'on me fait (toute la vie) n'est qu'un prétexte pour fabriquer des histoires », écrit-il dans son article « le pays aux mille visages ».
Dans ses romans et celui qui nous occupe ne fait pas exception, des personnages et des évènements réels côtoient dans des lieux toujours réels, des personnages et des actions imaginaires. Ricardo Somocurcio nomme les Présidents de son pays: Odria, Belaunde Terry; le quartier de Miraflores où il vit est précisément celui où Mario Vargas Llosa a partagé « au sortir de l'enfance les rites de l'adolescence avec un groupe de jeunes gens et de jeunes filles », comme il le dit dans l'article déjà cité.
Après avoir achevé ses études à Lima et Madrid, l'auteur vécut dans le Paris des années 1960 (épicentre de toutes les idéologies révolutionnaires), dans le « swinging London» des années 70 et l'Espagne post franquiste des années 80. Autant de lieux et d'ambiances qui forment la trame de notre roman.
Universitaire, journaliste, essayiste, romancier, Mario Vargas Llosa écrit sans relâche et collectionne les prix littéraires: le prix international Romulo Gallego au Vénézuéla, le Prix Cervantès en Espagne, le prix Ritz-Paris Hemingway en France. Toujours préoccupé par le sort de son pays, (souci des amis de Ricardo: Pau!;tobeton et de ses oncles dans le roman), notre auteur fonde un parti « libertad » et se présente aux élections présidentielles de 1990, candidat du « Front Démocratique» ; battu, il reprend ses activités Intellectuelles et reçoit enfin le Prix Nobel de littérature en 2010.
Dans ce roman, je voudrais attirer l'attention sur le fait que « la vilaine fille» est une « Chola », une métisse, son véritable prénom « OTILA », mélange de Quetchua et d'Espagnol la dénonce. On le découvre seulement au sixième et avant dernier chapitre. Etant donné la ségrégation raciale qui règne au Pérou (qui ne se cachait même pas dans ces années là), elle ne pouvait entrer dans le quartier huppé de Miraflores que par ruse. Et lorsque celle-ci a été découverte c'est la curée: on la traite de « cholita » et de « huachaja » : métisse et « pétasse ». C'est dans un bidonville du Callao qu'elle a vu le jour et, l'imaginant enfant, Ricardo parle de « cette fillette dotée d'un instinct de survie et d'adaptation exceptionnellement développé et de sa décision téméraire d'aller de l'avant coûte que coûte: cesser d'être « Otilita ».
La « niña mala » c’est la violence: victime et bourreau. Ricardo « le niño bueno » l'intellectuel, le « caballerito de Miraflores » à l'amour indéfectible sera son havre; le seul qui la traite comme une princesse malgré la méchanceté avec laquelle elle répond à son amour. Il ne se lassera pas de lui murmurer les mots beaux et tendres qu'elle traite cruellement de « Huachaferia », mais qu'elle ne cessera pas de lui réclamer au fil du temps.
Le mot «huacheferia » est un péruvianisme, dit Mario Varga Llosa que Mr Albert Bensoussan traduit par « cucuteries ». Il s'agit de paroles qui prétendent exprimer des sentiments délicats, passionnés mais ne parviennent qu'à être ridicules, affectées.
Exemples de huachojeria : « Je ne vis que pour te désirer et penser à to(p.1S7). « Les nuits de pleine lune, je sors aboyer au ciel et alors je vois ton joli minois réfléchi là haut. A l'instant même, je donnerais les dix ans de vie qui me restent pour me voir reflété au fond de tes petits yeux sombres couleur de miel ». Le lecteur, lui, n'a pas du tout l'impression que les mots d'amour de Ricardo sonnent faux car il les vit, il a sacrifié toute sa vie à cet amour, a tenté de se suicider par amour. Ce fût son aventure.

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