Relations d'incertitude (2004)E.Brune,E.Guntzig.
Ce « Roman » est une métaphore et/ou une analogie qui par le récit d'une incroyable et
authentique biographie inscrite dans les pires années du XX° siècle met en parallèle
---le Vide de l'individu (solitude,désolation,impasses) et le Vide cosmique qui n'est pas le Néant et
où « mathématiquement » fluctue toujours quelque chose qui peut donner de l'Etre,
---et le « bootstap »,le« Bluff »,l'initiative,la liberté - ce qui fait commencer ,comme dit Hanna
Arendt - petit apport d'énergie supplémentaire et nécessaire pour déstabiliser ce vide et libérer ses
potentialités.
« Toute grande philosophie (et/ou oeuvre !) est la confession de son auteur , un sorte de mémoire
involontaire ».
Edgar Guntzig représente au plus haut niveau le courant qui en physique fondamentale a initié
le concept de cosmogénèse « auto-réalisatrice »* occulté encore actuellement par le paradigme de
la théorie du Big Bang : celle-ci il faut bien le dire fait quelque peu écho dans l'inconscient collectif
au mythe familier ,donc confortable, de la Création « ex nihilo », en dépit -semble-t-il- de la
radicale impossibilité physique de la « singularité » initiale.
Mais l'inconscient privé d'Edgar Guntzig a-t-il quelque chose à nous apprendre?
Celui qui crée, Artiste ou Savant détient deux choses : un outil (plume,pinceau,mathématiques) et
une pulsion irrépressible, celle de répondre à Sa question radicale .
De surcroît le jouet d'abord puis l'outil permettent de maîtriser son propre Horla ,» le monstre du
placard » que l'on essaie d'amadouer par la comptine puis le comptage , le calcul et , pour ceux qui
le peuvent , par la Mathématique - façon grecque de dire ap-prendre – afin de le capturer pour le
mettre dans une cage – toujours mal fermée d'ailleurs!
De même nous partageons tous à des degrés divers d'angoisse les mêmes questions existentielles
(qui suis-je?que dois-je faire?...). Deux de ces questions font le tourment particulier d' Edgar
Guntzig: celle de son identité propre et de sa judéité bousculées,déniées,reniées,reprises,d'où
l' insécurité source de tous ses symptômes (agitation fébrile,phobies,obsessions,incohérences dans
sa vie personnelle), et celle de ses origines, comme il nous l'a rappelé lui même avec une profonde
et palpable émotion: qui est mon père parti un jour et dont personne ne me parle, qui est ma vraie
mère au delà de celle qui prend un soin attentif à ma vie mais qui m'entraîne dans l'enfer de la
Pologne stalinienne » pour notre bien » et ne s'ouvre jamais à moi de sa vie ni de ses sentiments ?
»Si je butte sur l'énigme de mes origines , j'irais chercher celles du monde! »
si tant est qu'au fond de l'Inconnu on ne va chercher que de l'Ancien .
De l'avis de tous ses auditoires la séduction et le charme d'Edgar engendrent chaque fois entre
eux et lui une profonde empathie et se mariant avec la façon « humaniste et « à façon » qu'il a
chaque fois de raconter sa conception du Cosmos , donnent la conviction d'en tout pouvoir
comprendre...
pour ma part je manque hélas cruellement d'outils.
Gilbert Lehmann
* » Que faisiez-vous avant le BigBang » E.Guntzig ,ed.O.Jacob Poche : aucune formule
mathématique ni équation....mais à lire « avec un crayon »!

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