"Le palmier de Palerme" de Vincenzo CONSOLO le 15 octobre 2006



Ce dimanche 15 octobre, DireLire recevait Vincenzo Consolo pour débattre avec lui de son dernier ouvrage "Le palmier de Palerme". Beaucoup de monde était venu et les premières interventions, contrairement à l'habitude, s'attachèrent àu style si particulier de l'écrivain alors qu'en général on aborde le contenu de l'oeuvre avant de s'intéresser à l'écriture seulement en fin de réunion s'il reste du temps.
Vincenzo Consolo nous parla d'abord de la, ou plutôt des, langues italiennes, de leurs évolutions sous l'effet de l'industrialisation de l'Italie.
L'écriture de Consolo est si forte, si riche, si complexe que l'on s'y heurte avant de pouvoir pénétrer dans l'oeuvre. Certains ont eu du mal à entrer, mais lorsqu'on se laisse emporter par le tourbillon des mots, tout devient possible. Il ne s'agit pas d'une narration linéaire mais plutôt d'une structure inspirée par la tragédie grecque avec un messager qui raconte des faits qui se sont passés ailleurs, un choeur qui commente ces faits en un long lamento et enfin les acteurs eux-mêmes.
C'est un poème narratif, baroque comme les églises et les palais de Palerme, avec peu de ponctuation, de longues énumérations, dont le thème principal est le parricide, pratiqué sur trois générations.
On demanda à Consolo l'explication du titre "Lo spasimo di Palermo" traduit par "Le palmier de Palerme". Spasimo signifie la douleur mentale et n'a pas d'équivalent français, il fut donc remplacé par palmier dans un souci d'euphonie avec Palerme. Le palmier était aussi emblématique des demeures nobiliaires en Sicile.
L'oeuvre est cependant ancrée dans la réalité de la Sicile d'aujourd'hui à travers les personnages de Borsellino, le juge assassiné et de sa soeur, la pharmacienne, qui est Rita Borsellino récente candidate aux élections régionales contre la Démocratie Chrétienne plus ou moins liée à la Maffia.
On a noté aussi que toutes les femmes sont innocentes et sacrifiées .
Antoine VIQUESNEL
Le billet à Claudine par Michel BOUDIN
Connais-tu, très chère Claudine, situation plus inconfortable que celle qui fut réservée à ton malheureux cousin, amené à écouter dans une langue qu'il ignore (l'italien) le commentaire d'un livre qu'il n'avait, par négligence, pas encore lu!
Mais à DireLire, jolie cousine, il n'y a jamais de situation désespérée ni de problème sans solution.
D'abord une traduction immédiate, claire et sans faille, eut tôt fait de me remettre en selle et me permit d'apprécier la pertinence et la profondeur des propos de l'auteur (Vincenzo Consolo). Pour un peu j'aurais renié Barthes qui prétendait que l'auteur est bien le dernier auquel il convient d'avoir recours pour expliquer ce qu'il a lui-même écrit.
Il y eut aussi un climat exceptionnel d'écoute, et soutenu par une lumineuse présentation de l'animatrice (Annie Rouzoul), un entrecroisement de questions-réponses et de lecture de textes qui fut l'occasion de précieux coups de sonde dans une oeuvre aux richesses insoupçonnées. Bref, un palmier, curieuse cousine, qui donne envie de prendre le bateau pour Palerme!
Il m'a donc fallu, Claudine, recoudre (comme dit Montaigne) tous ces morceaux mis en lumière, dans l'attente d'une lecture sereine que ne va pas manquer d'entreprendre ton cousin.
FLORENTIN

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