"L'homme qui rit" de Victor HUGO le 15 octobre 2002






"On lui avait à jamais appliqué le rire sur le visage. C'était un rire automatique et d'autant plus irrésistible qu'il était pétrifié", "qu'on se figure une tête de méduse gaie".

Il semblerait que cette oeuvre a produit l'effet de la tête de la méduse sur l'assistance de ce dimanche. Proposant de mettre en pratique le schéma du Professeur Lockwood, Annie Rouzoul situe le destinateur (opinions d'auteur sur Hugo), celui-ci nous indique le référent (la seigneurie en Angleterre). Mais les destinataires, nous, submergés par cette cataracte y trouvent aussi :

- l'histoire émouvante de deux enfants et d'un philosophe au grand coeur.

- une réflexion critique sur la société, ses lois, ses puissants, ses serviteurs et ses victimes.

- une réflexion critique sur la mort et le monde invisible, au coeur de la tempête

- une réflexion sur la vie et le destin; un parallèle est mis en évidence avec "La vie est un songe" de Calderon; Gwynplaine est à la fois saltimbanque et Lord, comme Sigismond est à la fois prisonnier et Prince.

- le travail d'un encyclopédiste: on nous dit tout sur la pêche, les phares de la Manche, les bouffons, les éminences grises...

- des dénonciations de style voltairien: "Georges III ayant perdu dans sa vieillesse l'esprit qu'il n'avait jamais eu dans sa jeunesse, n'est point responsable des calamités de son règne." ou bien "Louis XIV avait des punaises dans son lit et des jésuites dans sa politique".

Dans tout ce foisonnement où le lecteur se perd, Hugo ordonne tous les fils de sa tapisserie dans une construction étonnante.

Christiane Vincent



Dernier des grands romans d'exil de Victor Hugo, fruit de vingt-cinq longs mois de travail, "L'Homme qui rit" portait tous les espoirs de son auteur, qui confiait à Vacquerie: "Je pense n'avoir rien fait de mieux que "L'Homme qui rit". Pourtant l'ouvrage fut un échec: le flot verbal ininterrompu, le didactisme parfois pesant, l'invraisemblance de l'intrigue avaient-ils lassé les plus fidèles lecteurs? Ou bien les temps avaient-ils changé?

Dans son journal, Victor Hugo se contenta de noter: "Le succès s'en va. Est-ce moi qui ai tort vis-à-vis de mon temps? Est-ce mon temps qui a tort vis-à-vis de moi? Question que l'avenir seul peut résoudre."

Cette question, les membres de Direlire semblent l'avoir résolue: personne ne s'est hasardé à émettre la moindre critique! Ecrasés par une telle puissance créatrice ou profondémént admiratifs, les lecteurs d'aujourd'hui n'ont pu que constater: "Cent fois j'ai voulu m'arrêter, ou sauter quelques pages, mais je n'ai pas pu, je me suis laissé emporter malgré moi..."


Un très beau site sur Victor Hugo


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