"Nedjma" de Kateb YACINE le 19 mars 2003

Nedjma est une oeuvre difficile et certains lecteurs ont eu du mal à pénétrer dans cet univers déroutant. C'est un livre que l'on est obligé de relire pour pouvoir l'appréhender vraiment. En effet, la structure du roman n'est pas linéaire mais circulaire. On peut aussi la comparer à un "polygone étoilé" du nom d'une autre oeuvre de Kateb Yacine. La dernière page du livre est une reprise de la page 31, reliant tous les évènements par une rotation dans le temps.

Le graphiste, réalisateur de la couverture ci-jointe, a eu la bonne idée d'associer les deux prénoms Yacine et Nedjma.

Kateb Yacine a un rapport complexe avec la langue et la culture française qu'il considère comme une arme que lui a laissée le colonisateur.

De nombreuses références à la littérature française ont été citées: les quatre personnages font penser aux trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas.A la fin du roman, deux d'entre eux partent vers Bône et Constantine et le troisième choisit l'exil. Certains ont évoqué Madame de Sévigné à propos du portrait de Si Mokhtar.

Kateb Yacine a connu et fréquenté Albert Camus.qu'il appelait "son cher compatriote".

Pour Yacine Kateb, comme on devrait l'appeler, Nedjma est une figure qui l'a suivi toute sa vie, un peu comme Elsa pour Aragon. Nedjma la métisse, enlevée et séquestrée par son père, figure allégorique de l'Algérie qui n'arrive pas à se libérer de son métissage.

C'est un poète et un militant mais il avoue que "en moi le militant combat le poète et le poète combat le militant".

Maryvonne NICCOLAI-HAUDIQUET

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