C'est l'un des auteurs francophones les plus lus et traduits que DireLire recevait ce dimanche. Mohammed Moulessehoul est né en 1955 dans le Sud algérien d'un père militaire, officier de l'ALN et blessé en 1958, qui voulut faire de lui un soldat en l'envoyant dès l'âge de neuf ans dans un lycée militaire, où il fit toutes ses études avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant 25 ans. Durant la période sombre de la guerre civile algérienne dans les années 80-90, il fut l'un des principaux responsables de la lutte contre l'AIS puis le GIA, en particulier en Oranie.
Il prit sa retraite et vint s'installer en France pour poursuivre la carrière littéraire qu'il avait commencée au début des années 80, en choisissant comme pseudonyme le prénom de sa femme, Yasmina.
Après cette présentation de l'écrivain par Jean Courdouan, Yasmina Khadra nous parla d'abord de la tradition culturelle de sa famille en remontant jusqu'au 15ème siécle où, un Mohammed Moulessehoul fonda la première et peut-être la seule école pluridisciplinaire du monde arabe. Moulehessoul signifie "le seigneur des plaines", il avait tenté de faire vivre en paix les tribus voisines qui s'entre-déchiraient depuis des siècles. Aux 17ème et 18ème des Moulehessoul furent des érudits et des sages, conseillers du sultan de Meknès ou à Tombouctou. Son grand-père, paysan pauvre, était un poète conteur mais qui n'osait plus faire partager son talent à son entourage. Son père rompit cette tradition de lettré en devenant un combattant de l'ALN et en se consacrant ensuite à sa carrière militaire. Il fit don de son fils au pays en l'envoyant au lycée militaire, l'école des cadets.
Lors de ses études, il écrivait en arabe et lisait en français. Assez nul en français, dit-il, c'est un professeur qui remarqua son écriture imaginative et le poussa dans ses lectures : « L'etranger » d'Albert Camus fut pour lui la révélation que l'on pouvait exprimer des situations complexes avec des mots simples. Il serait écrivain. Il est aujourd'hui traduit dans 32 langues. Il raconte cette transformation dans « L'écrivain » qui est une oeuvre complètement autobiographique qui lui permit de sortir de l'anonymat en 2000 et de mettre fin à toutes les suppositions les plus farfelues qui couraient sur l'identité de cette Yasmina Khadra.
Il nous parla ensuite du mauvais accueil qu'il reçut de la part de l'intelligentsia parisienne, qui le considérait comme un sous-marin des services secrets algériens, comme un militaire ayant participé à ces massacres organisés par le pouvoir algérien comme le prétendait une habile propagande des islamistes et de leurs soutiens parisiens, que même des associations comme Amnesty International relayaient abondamment.
Il ne regrette pas son engagement et son action contre le terrorisme islamiste en Algérie. Il a toujours été soutenu par sa femme et il pense que son exclusion littéraire et sa solitude lui ont permis de garder sa liberté.
Claude Simonot rappelle cette citation : « Dieu n'aide pas ses saints, seul le Diable soutient ses suppôts » et fait un parallèle entre le discours de Khadra et celui de certains officiers français ayant servi pendant la guerre d'Algérie.
Il évoque ensuite l'autisme de l'Occident face au terrorisme islamiste : ce ne sont pas des psychopathes, mais des intellectuels que le dépit, la colère ou la frustration dévoient. L'intégrisme a pris naissance dans les universités.
Quelqu'un posa alors cete question : pourquoi n'entend-on pas les pères, les anciens que l'ont dit si respectés dans la tradition musulmane ? Pour lui, ils n'ont pas peur, mais ils n'ont rien à dire, ils sont eux aussi autistes. C'est la jeunesse qui pourrait changer les choses mais dans sa masse elle est plus attirée par l'islamisme que par le rationalisme.
Une journaliste algérienne lui posa le problème de la fuite des cerveaux en Algérie depuis Kateb Yacine : « Nous sommes dehors, en fuite ». Pour Khadra, dans le monde musulman, la théologie a remplacé la littérature, comme le montre une enquête d'El Watan auprès des lycéens qui citent comme écrivains les plus connus uniquement des théologiens.
« En Algérie je ne suis qu'un auteur de best-seller ou bien, un mensonge littéraire fabriqué par la France. »
« Les Algériens sont le peuple le plus doué pour l'autodétestation ».
A la question " Quel est le plus grand ennemi de l'Algérie" Khadra répond : « Les Algériens, eux-mêmes », alors que pour la journaliste algérienne ce sont les islamistes.
On parla peu du style et de l'écriture de Khadra, simple, forte et variée, si variée d'ailleurs qu'une étude présentée à la Sorbonne concluait à l'existence de plusieurs auteurs de ces livres signés Khadra.
Nous espérons donc qu'il viendra nous présenter son prochain ouvrage pour que nous puissions enfin parler littérature et écriture.
Antoine VIQUESNEL
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Le billet d'humeur de Michel BOUDIN à sa cousine Claudine
C'est un billet de grincheux que je t'adresse, aujourd'hui, jolie cousine.
Il est vrai que n'ayant strictement rien lu de Yasmina KHADRA, qui était l'invité de DireLire, je suis assez mal placé pour apprécier son oeuvre! Aussi espérais-je beaucoup de la présence de l'auteur pour entrer au coeur de son écriture.
Or je dois te confesser, Claudine, que l'homme ne m'a que modérément convaincu. Si l'authenticité de ses convictions et la ferveur qui l'anime ne sont pas en cause, la méthode employée pour défendre ses prises de position , m'a laissé songeur.
Comme les médecins de Molière qui expliquaient tout par le poumon, notre auteur se réfugie systématiquement derrière un seul et même argument: l'autisme.
Vous portez sur l'Algérie un jugement qui n'entre pas dans son système de références? C'est de l'autisme européen.
Les cadres de l'armée où il a passé de longues années ne l'apprécient pas à sa juste valeur? C'est de l'autisme militaire.
Le cercle des intellectuels parisiens n'a pas pour lui toute l'estime à laquelle il pense avoir droit? C'est de l'autisme culturel.
Une façon comme une autre de ne jamais avoir tort.
Deux intervenantes le laissèrent pourtant embarrassé. L'une lui demanda de s'expliquer sur sa "fuite". Pourquoi avoir choisi d'être romancier de langue française alors qu'il y a tant à faire "de l'autre côté" . La réponse passant par la rencontre avec "L'étranger" de Camus aurait mérité un plus substantiel développement. L'autre intervenante, manifestemment agacée, lui fit remarquer que ce qu'il considérait comme propre à l'Algérie (infidélité, mépris, trahison...) était monnaie courante de ce côté-ci de la Méditerranée. Elle échappa au renvoi dans les cordes de l'autisme national!
Et les romans de l'auteur dans tout çà? Les témoignages croisés de lecteurs convaincus m'ont laissé penser qu'ils étaient d'excellente tenue et propres à faire avancer "le dialogue des cultures".
Il faut donc lire , studieuse Claudine, les romans de Yasmina Khadra, c'est ce que va d'ailleurs faire ton cousin
FLORENTIN.
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Mon cher Florentin,
Claudine, que je viens de rencontrer m'a fait lire ton dernier Billet. Il est, comme de coutume, bien plaisant. Comme j'aime les ouvrages de Yasmina Khadra (que je ne connais pas personnellement ) j'essaie de rapprocher tes impressions de mes lectures.
Autisme? Tu as dit autisme? N'est-ce pas la chose au monde encore mieux partagée que le bon-sens? Les politiques, les armées, les écrivains ne sont-ils pas tous atteints d'une forme plus ou moins enfermante de cette terrible maladie , et n'est-ce pas une sorte d'outil nécessaire à l'accomplissement de leurs tâches? Quand un autiste rencontre un autre autiste, comme aurait pu nous le chanter Maurice Chevalier... ils n'ont généralement que la violence comme moyen d'expression. Et c'est là que notre Yasmina Khadra essaie, dans l'ouverture que lui autorise sa connaissance de deux cultures, de créer des ponts , de favoriser des compréhensions réciproques. Nous avons la chance qu'il nous offre en français, le moyen de sortir de notre vision univoque, sur les sujets du Moyen-Orient par exemple.
Il n'est pas dupe de sa propre solitude et des risques qu'elle fait courir. A l'un de ses personnages, romancier arabe sans doute trés proche de lui, à qui son interlocuteur dit: “Nous sommes en plein choc des civilisations. Il va te falloir choisir ton camp”, il fait répondre:”Je suis mon propre camp” et “Mon salut vient de cette révélation: je ne veux être ni maître, ni prophète. Je ne suis qu'un romancier qui tente d'apporter un peu de sa générosité à ceux qui veulent bien la recevoir” (“Les sirènes de Bagdad”)
L'homme est sans doute aussi un homme blessé . Blessé l'écrivain qui n'a toujours pas reçu l'accueil “officiel” espéré (même si celui des lecteurs est au rendez-vous), blessé le militaire aux premières lignes de la lutte anti-terroriste pendant huit ans , blessé à vie l'enfant forcé de quitter sa famille et embrigadé contre son gré. Tu pourras lire un beau livre de lui, une part d'autobiographie romancée, “L'imposture des mots” . Juste un extrait. C'est le Commandant Mousselehoul (Khadra militaire) qui interpelle Yasmina Khadra, l'écrivain :
“Rejoins tes phantasmes et restes-y. Tu courtisais la gloire, elle t'ouvre ses bras. Mets-y le paquet et montre-lui l'étendue de tes frustrations. Tu voulais conquérir le monde avec une machine à écrire et une rame de papier. Tu disposes de plus que ça. Mais rappelle-toi ceci, Yasmina. Quelle que soit la générosité de tes éditeurs et les clameursde tes fans, partout où portera ta muse, tu ne seras qu'un gamin de neuf ans que son père a chassé de la maison et que l'amour de tous les hommes n'en saurait consoler. Tôt ou tard il faudra bien que tu t'arrètes pour souffler. Ce jour-là, tu apprendras, à tes dépens, que nulle part tu ne seras l'enfant que tu aurais aimé être. S'il y est question de malédiction, dis-toi qu'elle ne te poursuit pas, elle est en toi.”
Lis aussi “L'écrivain” pour apercevoir de quelle gangue sa “vocation” a dû s'extraire .
Lis enfin ses “polars” algériens qui nous entraînent dans l'univers plus que noir de l'Algérie de la guerre civile des années 80-90 et qui montrent la complexité de la situation d'alors pour un fonctionnaire voyant au quotidien la sauvagerie terroriste , ayant à pratiquer la violence d'Etat dans un monde aux données incertaines ... et assumer , dans le même temps, son besoin irrépressible d'écrire pour exprimer sa vision de cette réalité .
Oui, Florentin, il te reste à découvrir cet univers dur mais jamais sans espoir où un homme, avec ses convictions et ses talents, partage son envie que ce monde soit plus vivable et les hommes plus fraternels.
Je vais de ce pas poursuivre ce débat avec Claudine.
Ton ami,
Jean.
Jean COURDOUAN
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La chronique de Monique BECOUR
Ni autiste, Ni « une dame au grand cœur », (la dédicace reçue de Yasmina Khadra) : mais LUCIDE
Lu durant l'été, sept ouvrages de Yasmina Khadra. Merci pour cette découverte.
La préface signée Marie-Ange Poyet de « MORITURI », mon premier, me confortait dans l'idée que l'écrivain était une « femme algérienne, jusqu'à plus soif ». Je fus un peu déconcertée par l'écriture policière (vocabulaire, situations, etc.) et par ce commissaire Llob, assez sympathique, au demeurant, dans sa quête assidue à la recherche des « tueurs de tout poil » et où l'on voit les fermiers des anciens colons bâtir des empires tout en utilisant « la stratégie de la magouille ». Un ex communiste, (les communistes sont très « liquidés » dans plusieurs oeuvres), Sid Lankabout, devenu Abou Kalybse( c'est voulu) en rivalité avec ce commissaire, beaucoup moins sympathique dans un autre polar « LE DINGUE DU BISTOURI», lorsqu'il appelle sa femme, « ma bête de somme » ! Elle a abandonné pour lui son métier d'enseignante et élève leurs quatre enfants, Ceci explique-t-il cela ? ( Pour un « macho » : oui des deux côtés de la Méditerranée).
A la lecture de « L'ECRIVAIN », autobiographie, l'auteure se transformait en Mohammed Moulessehoul, identité retrouvée, «entachée » dans son pays, dit-il oralement par un pseudonyme féminin.(je serre les dents). Il fût élevé dans une famille de sept enfants, le père militaire avait voué le garçon à la dure école de cadets et à la « Carrière ». La mère tant aimée de Mohammed, bien vite lâchée pour une jeune femme, - mère non royale tombée dans la misère noire. avec ses sept mômes.- (Idem, toujours des deux côtés de la Méditerranée). Le style me plaisait mieux, lectures du petit en français de Camus et autres Dumas , il se met à écrire de très bons textes dans notre langue, dès l'âge de quatorze ans ; il est, de plus, distingué par son professeur de français. (possible de notre côté). Khadra commence à y dénoncer « l'Algérie de l'intégrisme islamique et des massacres ». Ses prises de position sont très courageuses car, nous a-t- il dit, avoir été pris, à un moment pour un « sous marin de l'armée algérienne ». critiqué, mis à l'index mais traduit dans 32 pays, tout de même !
Suivent « LES HIRONDELLES DE KABOUL », le premier volume de la trilogie « qui oppose l'Orient et l'Occident ». Enfin ! mon « côté féministe » se réveille. Atiq un courageux moudjahid, reconverti en geôlier, veut sauver Zunaira, avocate, « plus belle que le ciel », qui tue son mari car elle ne le supporte plus, (radical chez nous également). Elle est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Atiq va lui substituer Mussarat, sa propre épouse, malade, en fin de vie, pour la séance de lapidation publique ! (c'est trop!). Zunaira, une femme libérée ? Va-t-il la récupérer ? Quid de la fin ? Lisez le livre, Une clef :c'est celui que j'ai préféré.
Il se confirme que « Les cerfs-volants de Kaboul » se sont définitivement envolés et les hirondelles sont loin d'être de retour.
Le style de « COUSINE K », s'est affiné psychologiquement. Un garçonnet adore sa mère, qui lui préfère son frère aîné. Le mal aimé va développer une névrose jusqu'à l'assassinat de sa cousine K. Mr Khadra, nous précise oralement que c'est l'expression du rapport entre la pudeur et la psychopathie. (dans les 32 pays également). Questionné sur la relation entre son propre frère cadet et lui-même, il me fût répondu que la fin du livre n'est pas autobiographique.(Je m'en doutais : il ne serait pas là ! L'autisme serait-il des deux côtés ?) »
« LES SIRENES DE BAGDAD », met en lumière le thème du jeune homme, désabusé, venu de son bled (thème utilisé dans plusieurs volumes), « qui a perdu son honneur, » à la vue des organes génitaux de son père âgé, handicapé, réveillé, dénudé, molesté violemment par les soldats américains à la recherche de terroristes éventuels dans le village. Fuite, «Road movie ». Sa sœur, égoïste mais non autiste, chirurgien à l'hôpital, de Bagdad, le rejette, car « elle vit librement avec quelqu'un». (L' avenir de l'ancien étudiant eût été changé si elle l'avait recruté comme aide-soignant pour les soins de toilette aux hommes hospitalisés !..Je suis pragmatique, isn't ). Il va être choisi par le groupe de terroristes qui le recueille pour être le vecteur d'une guerre bactériologique. A la question posée par mon voisin :« Est-ce actuellement du domaine du possible? » Le militaire retraité répond «affirmatif » …
Je complète l'information : il me semble qu'il y a deux ans, nous étions en France, après les hépatites C, D, E, F à l'hépatite G, et qu'alors aucun vaccin ni sérum ne pouvaient contrecarrer l'évolution fatale de la mutante G. .Qu'en est-il ? et qu'en est-il du virus Ebola ?
La littérature s'est perdue dans les hautes sphères généralistes algériennes, mondialistes et l'autisme est mis en cause de toutes les façons possibles : féminin, patriarcal, national, international, intellectualisme des chapelles parisiennes ! Cependant, j'eus souhaité placer deux thèmes importants concernant l'Irak, le grand délaissé de la réunion. (d'accord avec Julien).
Alors que Mr Khadra nous avait dit avoir collaboré « au New Yorker », et qu'il décrit «des héros jetés dans des cages aux folles où des poufiasses en treillis leur tirent les oreilles et les testicules, se faisant photographier pour la postérité » (p.91 in « les sirènes de Bagdad ») j'eus souhaité débattre de l'article paru dans « Le Monde des livres » du 12 Octobre 2007, article signé Lila AZAM ZANGANEH. Elle reprend un article du « New Yorker », signé Philip GOUREVITCH où la soldate Sabrina Harman, d'Abou Ghraib « annonce son intention d'utiliser ses photos afin de mettre à nu les pratiques de l'armée américaine ».
« Pour la première fois dans l'histoire, » conclut Philip Gourevitch, « les photographes des clichés les plus symboliques d'un événement étaient eux-mêmes acteurs des événements photographiés. Ils ont volontairement posé dans ces clichés, et ces clichés sont devenus le « crime »…. « S'agissait-il d'un petit soldat pervers ou bien se jouait-il là quelques chose de beaucoup plus grave ? » Fin de citation. (Les paris sont ouverts !).
Le deuxième thème international que je n'ai pu soulever concernait « l'homophobie qui s'épanouit dans l'Irak en guerre » article in Le Monde du 5 Octobre 2OO7. En effet, dans le même ouvrage de Mr Khadra « Omar le soûlard est devenu Omar le Sodomite surpris avec Hamy, nus » (p.248-249). Ils sont tous deux abattus par Yacine et Hassan, terroristes, à l'arme blanche. Oserais-je citer M. KHADRA et l'humour de son « Faïrouz, Passe-moi la flûte » (p.96) qui côtoie l'horreur.
« Où sont donc passés les oiseaux d'Ababill qui réduisirent en pâture les armadas ennemies de naguère fonçant sur les terres bénies, à dos d'éléphant ? ». Je complète l'information : ces derniers s'agenouillant devant la pierre noire (météorite sans doute) d'Aqaba au VIIème siècle seront à l'origine du pèlerinage.
La réponse est, peut-être, chez le jeune acteur Nafa Walid in «A QUOI REVENT LES LOUPS », dans son premier assassinat gratuit de l'ancien professeur de maths, REVERE mais communiste (p.193) Walid, est de nouveau infidèle, envers le metteur en scène qui lui avait fait tourner son premier film. Le reniement a lieu après le troisième déni à la question posée par la cruelle Hind « au rictus bestial » (avant le troisième chant du coq !). Le cinéaste Rachid Derrag (p.194) préparait un documentaire sur l'intégrisme européen.
Si je suis longue dans ma revue littéraire qui ne fût pas faite lors de la réunion, quittez là.
Dans toute l'œuvre soigneusement lue, les deux femmes les plus courageuses sont in « A quoi rêvent les loups ? » la mère qui soutient sa fille Hanane Ghalem, jeune femme évoluée, au poste solide de cadre, qui veut se rendre à une manifestation de « l'association des femmes ». (Idem, de ce côté ci de la Méditerranée selon une jeune femme d'origine algérienne qui s'est exprimée mais également dans le Pacifique, pour le développement des femmes océaniennes) . Notre héroïne rattrapée par son frère Nabil est égorgée. C'est l'ouvrage le plus cruel.
Dernier livre, cette fois, à Tel Aviv, « L'ATTENTAT, » cible le véhicule du Cheik, en miettes, pulvérisé, près de l'hôpital où le Dr Amine Jaafari, chirurgien, naturalisé, officie, ramasse les blessés, les tués. Le style, magnifique, s'affine, se poétise ; la psychologie parfaitement mise en œuvre. La kamikaze, à son insu, est son épouse (bombe cachée sous robe de femme enceinte). La quête du soignant, devenu « persona non grata », mis à l'écart, persécuté, soupçonné par les Israëlites est poignante.
La conclusion : « Il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué ». Je le souhaite de tout cœur à Mohammed Moulessehoul.
Monique BECOUR
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