Ce dernier lundi soir 4 Juin 2007, nous nous retrouvions, «fanas » de lecture, pour « Lira bien qui lira le dernier» de Hubert Nyssen (Babel). J'avoue que je n'avais pas lu cet ouvrage, auteur qui m'était inconnu, mais j'étais venue pour l'étincelle qui déchaînerait le désir de le découvrir.
Nous étions peu nombreux, environ 40 % d'hommes pour 60 % de femmes présents ; de plus, manquait un des deux présentateurs ayant choisi le livre en Juin 2006.
Heureusement, le deuxième, fidèle, présent, avait été «emballé" par ce livre , érudit, mais non pédant ». nous dit-il. « Il s'agissait « d'une chronique sur la littérature et la lecture» et.Nyssen, cependant « n'avait pas cherché à faire un livre de théories ».
Notre présentateur, très érudit, lui-même, nous présenta le livre « comme une forme de pastiche, avec un côté XVIIIème siècle, forme de copiage, comme une tentative de séduction de la Femme, en s'adressant à une certaine Melle Esperl ... dialogue fictif.
Aussitôt, me vint à l'esprit, ainsi que je l'exprimais, la Marquise de Sévigné (Marie de Rabutin-Chantal) correspondant avec sa fille Madame de Grignan, autour de 1671 à 1696, mêlant mondanités, confidences, plaisanteries et jugements sur ses semblables en un style brillant et un certain langage parlé suggestif qui faisait le tour des Salons à Versailles.
Et, en même temps, plusieurs d'entre nous s'exclamèrent comme notre ami Florentin , alias Michel Boudin, adressant ses billets mensuels à sa jolie cousine Claudine, billets, dont la lecture nous réjouit tous. Donc, vous l'avez compris, la forme du livre reprend un procédé littéraire peu usité à notre époque, mais tellement séduisant.
Questionné par ceux qui n'avaient pas lu le livre, notre présentateur reconnut qu'il y avait un côté négatif au livre choisi. Eh oui, selon lui, l'auteur dit « que le monde bouge et que c'était mieux avan t». Poncif maintes fois entendu: il faut se rebeller contre cet état d'esprit. Il apparut dans nos échanges que les hommes présents (grands lecteurs), avaient analysé les hommes lecteurs de leur propre entourage et que ces derniers comme eux « sont des hommes qui s'occupent des corps » ou encore « qui ont un rapport au corps » (kinés, infirmiers, professeurs d'éducation physique, médecins spécialistes). Pourquoi ? La réponse nous vint de l'un d'entre eux : « l'homme veut être dans un corps modélisant ».
Les échanges dérivèrent sur les jeunes et la lecture. Je citais Jim Harrison dans « En Marge » que je n'avais pas encore présenté: « Comment voulez-vous que les jeunes lisent si les parents ne lisent pas? » Lui, dont le premier ouvrage était un recueil de poésie « Plein chant » était féru de Yeats, de Faulkner, de Virginia Woolf, de James Joyce, mais aussi de René Char. Je citais les livres que lisent mes jeunes adolescents, dès l'âge de 10 ans: la série de Harry Potter de J.K. Rowling, "Eragon" de Christopher Paolini, « Le monde de Narnia » de C.S. Lewis. Je précisais, que je pensais fortement, que ces écrivains britanniques, étaient fortement inspirés d'un écrivain anglais John Bunyan (1660-1688), qui eut une importance très notable sous la Restauration anglaise. Le personnage principal «The Chretien» dans « Pilgrim's Progres » voyage énormément, reçoit des apparitions, rencontre des dragons, tout un côté conte de fées ( repris par les auteurs souvent britanniques nommés ci-dessus) avec un suspense, et un rythme vif dans un style très clair, « le mot juste pour l'idée juste ». Il eut une influence énorme sur la suite de la littérature anglaise.
Ce ne fut pas l'avis de tous, car il me fut répondu, que c'était uniquement « une affaire de marketing ». Attention, il ne faut pas confondre, la création littéraire, l'inspiration, l'écriture sur la page blanche, avec le côté marketing du lancement commercial « Pull and Push ». Une enquête du Centre National du Livre parue dans « Le Monde des Livres du 6 Juin 2007 nous dit « que chez les jeunes, de 11 à 18 ans, la lecture plie mais ne rompt pas ». Le secteur des éditions Jeunes est florissant 16 % du C.A des ventes totales, soit 71 millions de volumes en 2006,«créativité et dynamisme constant ». Une réserve, cependant, le public était « captif » car questionné au Salon du Livre au milieu de sa classe. Le choix est fonction du réseau des copains.
La réflexion nous amena, incidemment, à la bande dessinée et, nos amis présents, reconnurent avec jubilation , qu'ils en lisaient eux aussi . Les auteurs, les titres fusèrent : Enki Bilal et sa trilogie , Sfar, et « le chat du rabbin », Corto Maltese à travers Hugo Pratt, René Pétillon et sa « Panique à Londres », Marjane Satrapi et « Persépolis », la souris « Maus» de Art Spiegelman, jeune juif allemand qui écrit sur la Shoah. Il y a quelques années, Christian, un tintinophile éclairé de DIRELIRE avait philosophé sur Hergé et Tintin.
Comme nous citions la lecture sur Internet et les cassettes enregistrées, ma plus grande joie fut d'entendre une assistante, assidue depuis plus de douze ans à DIRELIRE, comme certains d'entre nous, s'exprimer, enfin, après tant d'années de silence. Cette personne ne voyant plus très bien, sa petite fille lui lit à haute voix quelques uns des ouvrages choisis, mais très souvent, aussi, elle fait appel à une association, à la Maison de la Croix Rouge, rue Sylvabelle, qui lui fait enregistrer nos livres par des lecteurs bénévoles.
Je n'ai pas lu le livre de Nyssen, mais cette découverte et l'échange fut très riche, et c'est dit, une vocation est peut-être née ... Venez nombreux, en 2007-2008, chaque rencontre vous apportera un désir de découvrir, un éclairage et vous vous exprimerez dans le respect: tout est dicible dans notre groupe.
Monique BECOUR
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