A tâtons, nous essayâmes de pénétrer dans le livre de José Saramago:"L'aveuglement".
Bien que blanche, la nuit que nous y rencontrâmes, nous aveugla. Que pouvez bien vouloir dire cette éblouissante cécité?
-Un voyage au bout d'une nuit que n'aurait pas désavoué Céline?
-Un des cercles nocturnes de l'Enfer de Dante?
-Une métaphore démesurée traitant de nos courtes vies de pauvres humains?
-Une peinture en noir et blanc de nos âmes de damnés?
-Ou l'éclairante histoire d'un destin probable de l'humanité?
-Ou encore l'éclairage original de l'absurdité( au sens camusien du terme) de notre monde?
Bref, nous étions bien contents de n'être que borgnes car au royaume des aveugles nous pouvions au moins nous prévaloir de nos couronnes.
Michel BOUDIN
Vous avez dit biblique, vous avez dit dantesque, vous avez dit panoramique, vous avez dit cauchemardesque, vous avez dit scatologique, vous avez dit "chiant" et vous avez ri, vous avez dit comique...
Vous avez lancé des définitions pour tenter de cerner ce Saramago là (merci au jury de Suède) dont pouvait se percevoir la "clairvoyance" dans "Le radeau de pierre", "La caverne", "Manuel de peinture et de calligraphie"...
Pour ce faire, vous avez cité Homère, l'illustre aveugle, vous avez cité Camus: le théoricien de l'absurde et son inoubliable fléau, vous avez cité Céline et son "Voyage au bout de la nuit", vous avez cité quelques philosophes pessimistes, on peut y ajouter Cioran et "l'inconvénient d'être né" (de venir à la lumière?)...
Mais nous sentions bien que nos approches ne pointaient pas ce que même ceux qui n'avaient pas pu, ou pas voulu, continuer à lire avaient ressenti: éblouis par ses blanches ténèbres, nous sortons de ce livre incroyablement éclairé sur l'écrasante cécité qui nous atteint les uns après les autres, ballotés que nous sommes par nos propres errements et par l'immense souffrance du monde, où que se tournent nos yeux.
Andrée HAGÈGE.
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