"Montaigne à cheval" de Jean LACOUTURE le 6 octobre 2004



Montaigne à DireLire est-ce bien raisonnable? La richesse inépuisable des Essais et la grande ombre du seigneur de Montravel ont en effet de quoi freiner les ardeurs des lecteurs les plus déterminés! Chacun se souvient vaguement de ses acquis scolaires: Montaigne et sa tour, Montaigne et La Boetie "parce que c'était lui, parce que c'était moi", Montaigne et la tête bien faite plutôt que bien pleine, Montaigne et le célèbre "Que sais-je", Montaigne et la chute de cheval... Autant de connaissances vagues qui laissent inentamé le coeur du propos.
C'est pourquoi DireLire a tenté une approche plus originale du célèbre auteur des Essais, en préconisant la lecture du livre de Jean Lacouture "Montaigne à cheval". On y découvre un des personnages les plus vivants d'un temps fertile en "démons et merveilles", familier des rois et des princes et tenant un rôle actif dans la politique de son pays.
Chemin faisant et "le cul sur la selle", Jean Lacouture nous donne envie d'aller lire ce qu'a écrit "le plus pénétrant des déchiffreurs du coeur humain","le pionnier d'un combat pour la tolérance","le fondateur de l'introspection","l'inventeur d'une philosophie du réel en mouvement","le citoyen gourmand du monde".
Appelant Michel Onfray à la rescousse, on pénétra plus avant dans l'intimité de l'oeuvre, allant jusqu'à découvrir que "la vie et la philosophie connaissent une intime couture, au point que l'une sans l'autre ne mérite guère qu'on s'y arrête, encore moins qu'on s'y attarde". L'existence d'un tel maître, dit Onfray, rend le monde plus aimable et désirable.
Celui qui a marqué à jamais l'histoire de la pensée en libérant la raison de l'illusion du savoir absolu et en purgeant l'esprit du dogmatisme et du fanatisme qu'il engendre, a d'ailleurs déjà été salué en des termes semblables par Nietzsche: "Du fait qu'un tel homme a écrit, en vérité on a plus de plaisir à vivre sur la terre".
Michel BOUDIN

"Cahier d'un retour au pays natal" d'Aimé CESAIRE le 2 octobre 2006


Le billet à Claudine de Michel BOUDIN


Aimé CESAIRE ou la poésie éruptive


A la relecture de "Cahier d'un retour au pays natal" d'Aimé Césaire, il m'est arrivé de penser, jolie cousine, qu'il existe parfois d'étranges concordances entre les hommes et la nature.
Il suffit en effet de se remémorer la violente éruption de la Montagne Pelée qui en 1902 ensevelit la ville de Saint-Pierre et fit en quelques minutes plus de 30.000 morts.
Impévisible, terrifiant, destructeur et emblématique, tel nous apparaît aujourd'hui ce volcan des Antilles.
Or, Claudine, comment qualifier autrement la poésie de Césaire, enfant du pays?
Imprévisible, il le fut ô combien, quand éclata la notion de "négritude" dans le ciel des lettres.

Terrifiants furents ses écrits pour les auteurs apeurés d'une poésie somnolente.
Destructeur d'idées creuses et de fausses images, Césaire, on le sait, se fit le champion de la lutte contre l'humiliation historique de tout un peuple.
Emblématique, oui, et universellement reconnu.
Jusqu'au style de Césaire, belle Claudine, qui s'apparente aux émissions de laves, à la sortie soudaine et bruyante de vapeurs, de cendres et de nuées ardentes.
L'idée de ces deux volcans jumeaux suffit à ravir l'âme de ton cousin


FLORENTIN
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Toujours de Michel BOUDIN, alias FLORENTIN, ce billet à l'occasion de la mort de CESAIRE
CESAIRE ET LES CROCODILES

Un article du CANARD ENCHAINE (23/04/08) , intitulé AVE CESAIRE! m'a laissé, jolie cousine, longtemps songeur.
Nicolas Brimo qui en est l'auteur rappelle, en effet, les faits suivants;
- En Martinique, parmi les pleureurs, lors de l'embaumement de Césaire, se trouvaient ceux qui s'illustrèrent à propos de la polémique sur les bienfits de la colonisation.
- Le maire de Fort-de-France s'est longtemps heurté à l'hostilité des préfets envoyés aux Antilles par le Général.
- Valéry Giscard d'Estaing refusa de venir le saluer dans sa mairie.
- Le député de la Martinique s'est longtemps trouvé dans des hémicycles désertés quand il tentait de défendre l'égalité sociale Hexagone-départements d'outremer.
- Il a été pratiquement interdit de prononcer le nom de Césaire à la radio-télévision d'Etat pendant près de vingt ans.
- Le "Discours sur le colonialisme ", censuré sous la IVème république, fut retiré du programme national des classes terminales par François Bayrou, ministre de l'Education.
- La Comédie-Française n'a inscrit à son répertoire "La Tragédie du Roi Christophe" qu'en 1991. Pour le 78ème anniversaire de Césaire!
- Le "Cahier d'un retour au pays natal", édité en 1939 n'a été publié en poche que près de trente ans plus tard.
-Les premiers centres d'études césairiennes ont été créés en Afrique, au Canada, en Allemagne ou aux Etats-Unis. Mais pas dans les universités françaises.

De quoi faire réfléchir, Claudine, sur les grosses larmes versées à l'occasion de la disparition de Césaire.
"Pleurez-le moins, lisez-le plus" c'est ce qu'a envie de crier ton cousin


FLORENTIN